Brigitte Karoubi, sage-femme-puéricultrice, vous informe sur des indispensables à savoir au sujet du post partum en cas de césarienne, cette période qui suit l'accouchement: certains éléments qui ne sont pas souvent évoqués dans la littérature ou lors des cours de préparation à la naissance, souvent plus accès sur l'accouchement par césarienne que sur le post partum après une césarienne.
Ces éléments que des mères ayant vécue cette expérience n'ont connu qu'après. En tant que puéricultrices, il nous paraît indispensable de vous informer de cela, afin de mieux vous préparer à accueillir votre bébé et à construire votre lien à lui dans de meilleurs conditions si vous deviez vivre cette expérience.
Construction du lien mère-enfant dans ce contexte particulier, sensations physiques et psychologiques possibles de ce type d'accouchement, place du père ... et d'autres savoirs qui, connus, permettent de moins appréhender ce type d'accouchement et de se préparer à accueillir plus sereinement son bébé.
Ayant moi-même accouché de mon premier enfant d'une césarienne, je sais combien cet article est précieux.
Je remercie Brigitte pour ce partage, et Elwen, maman d'un garçon de dix mois qui nous a suggéré cet article, dans son originalité, suite à son expérience.
Je vous souhaite une bonne lecture et une excellente rencontre avec votre bébé.
Mariama
Vous allez bientôt accoucher…
Que ce soit pour la première ou la nième fois, ce doit être pour vous, le père de cet enfant et pour la fratrie si elle est déjà constituée, un moment unique, un moment de grande joie. C’est un projet de vie. Il faut tenter de lever toutes les inquiétudes liées à cet évènement.
L’objet de cet article est de tenter d’informer sur les inquiétudes, des questionnements sur tout ce qui entoure l’accueil de cet enfant, lorsque la naissance se passe sous césarienne.
Tout d’abord, la grossesse n’est pas une maladie.
C’est un état magique ou l’œuf va se développer en 40 à 41 semaines. Cet embryon puis ce fœtus, puisque la terminologie change au fur et à mesure que la grossesse progresse, deviendra ce nouveau-né que notre imaginaire s’est déjà approprié.
La moitié du patrimoine génétique de ce petit être est inconnu de la mémoire immunologique de la mère et pourtant il va être bien au chaud dans l’utérus et s’y développer L’organisme maternel ne va pas rejeter ce corps étranger qu’est l’embryon, défiant ainsi toutes les règles d’immunologie en matière de rejet de corps étranger. C’est un émerveillement de penser que la nature humaine est si bien faite !!!
Au moment de l’accouchement dont on ne connait pas toutes les causes de déclenchement, eh oui ce doit être, entre autres, la combinaison de plusieurs paramètres. (Maturité fœtale, chute hormonale maternelle) la femme va vivre des moments magiques mais le plus souvent inquiétants
Il est quasi normal de redouter l’accouchement et l’éventualité d’une césarienne.
Le fœtus va progresser dans la filière génitale pendant plusieurs heures et Le plus souvent, l’arrivée de ce bébé se fait dans de très bonnes conditions naturelles (= voie basse) mais parfois, si le travail ne progresse plus, si le bébé souffre in utero, il faut avoir recours à la césarienne (= Voie haute).
Nous utilisons ce terme parce que Jules César serait né ainsi !!!
Quelle soit prévue ou non, la césarienne est un acte médical à part entière et heureusement que nous avons, grâce aux progrès de la Médecine en anesthésie, chirurgie, obstétrique, ce recours pour permettre l’arrivée au monde d’enfants indemnes de tout handicap. Considérons la césarienne comme un plus. C’est une possibilité d’intervention médicale adaptée. Elle peut se pratiquer sous anesthésie loco régionale ou sous anesthésie générale. Il faut, chères futures mamans, ne pas s’angoisser en cas de césarienne.
La relation MERE-ENFANT existe pendant la grossesse et une césarienne ne va en rien l’entacher, les liens d’attachement vont se mettre en place petit à petit.
Bien souvent, le contact peau à peau que l’on favorise au maximum en cas d’accouchement normal ne pourra pas avoir lieu dès la naissance puisque le bloc opératoire n’est pas le meilleur endroit pour permettre cette RENCONTRE Maman – Bébé…Cependant, si la maman va bien et en exprime le souhait, le personnel répondra au maximum à ses attentes et installera son bébé de façon confortable.il ne faut pas souffrir au niveau de la cicatrice, à ce moment là.
En suite de couches, chacune pourra favoriser des temps de peau à peau par exemple au moment de la sortie du bain.
Dans le bain, le nouveau-né revit les sensations de la vie intra utérine lorsqu’il baignait dans le liquide amniotique. Il poursuivra cette aventure en vous ressentant, vous sa mère, qui avez la voix et l’odeur qu’il connaissait in utero.
Le mettre tout contre votre poitrine, pour qu’il entende à nouveau les battements de votre cœur est aussi très sécurisant pour lui.
Une fois revêtu, à chaque change vous pouvez si vous en ressentez le plaisir, massez le ventre et les petites jambes de votre bébé. Pour lui c’est une nourriture extraordinaire, il en a besoin et .de nombreuses études démontrent que ces perceptions tactile, verbale, sont aussi importantes que le fait de le nourrir avec un biberon ou une tétée. Tout cela favorise aussi l'instauration des liens d'attachement. Même revêtu, sachez que le froid est un des agents le plus agressif pour le nouveau-né, vous pourrez effectuer tous ces gestes de contact étroit. Le cerveau du nouveau-né a besoin de beaucoup d’énergie pour se développer, c’est pour cela qu’il faut bien couvrir votre bébé.
La communication verbale est importante et les parents peuvent parler à leur enfant sans retenue cela contribue à renforcer les liens d’attachement. Si, après une césarienne, vous ne vous sentez pas assez forte pour porter garder votre bébé contre vous, il ne faut surtout pas culpabiliser …TOUT COMMENCE …et vous avez toute la vie pour entretenir, faire évoluer ce lien magique entre vos deux êtres et tous ceux qui en sont satellites ». Chacune son rythme, son histoire.
Sachez qu'au bloc opératoire, il fait souvent froid et tous ces appareils rendent cette pièce peu accueillante, tout ce matériel, par ailleurs bien utile ne rassure pas toujours les femmes, les couples. La pudeur, elle aussi, peut être mise à mal.
La place du Père est non évidente. Il est un acteur passif dans ces moments-là et les équipes de sages – femmes, médecins ne lui donnent pas toujours la place de choix, qu’à mes yeux, il est en droit d’attendre. Pourtant, au bloc opératoire, Il peut être précieux, d’un grand secours, rassurant pour la future maman. C’est lui qui va lui raconter la naissance du bébé, les premiers soins apportés, le moment où il a entendu le premier cri. C’est très important pour la mère qui ne peut vivre ces évènements et ainsi, grâce au récit du père, la mère va rétablir une continuité dans le lien avec son enfant.
Même si la rencontre s’est faite dans un couloir, à la va vite lorsque la maman sort du bloc opératoire, il ne faut pas que ces femmes culpabilisent et le lien d’attachement se fera par la suite. C’est cela qu’il faut retenir, vous les jeunes mamans qui avez donné la vie par voie haute.
Mais, heureusement, notre société évolue et je remercie les Pouvoirs Publics qui ont décidé et fait voter le congé de paternité de 7 jours minimum pour tous les pères à partir du 01/07/2021.Cela s’inscrit dans une volonté de considérer comme important voire très important, l’arrivée d’un enfant dans un foyer.
Grace à une préparation la naissance personnalisée, à une visite des lieux lorsque cela est possible, l’appréhension peut être moindre. On a moins peur de ce que l’on connait. C’est pour cela que je vous invite à poser toute question. Le personnel doit évoquer la naissance par césarienne et dédramatiser l’image que vous pouvez en avoir. Cela ramène à moultes situations parfois complexes ou, comme je le disais plus haut l’histoire de chacune peut se retrouver en premier plan. L’accompagnement par le personnel médical, para médical est important .il est source de réconfort.
Malgré tout, le post partum immédiat, c’est-à-dire le temps qui suit la naissance du bébé et les 2 à 3 jours suivant, peut être compliqué. La fatigue, "le nouveau statut" pour les femmes "MAMAN" pour la première fois, peuvent être source de déprime, oui petit coup de cafard…il ne faut pas le nier, ne pas essayer de l’occulter. Il faut en parler aux Sages-Femmes, aux Puéricultrices. Il faut exprimer ce que vous ressentez et le dire si vous avez peur des nouvelles responsabilités qui vous incombent.
Attention aux très jeunes accouchées, aux femmes seules car vous endossez parfois plusieurs "casquettes". C’est pour cela qu’il est, à mes yeux, important d’en parler en anté natal.
Durant le post partum, il doit être évoqué la contraception, l’allaitement. Certaines femmes sont rassurées par le biberon vide et préfèrent ne pas allaiter leur bébé. Respectons leur choix. Sachez que le fait d’avoir eu une césarienne n’empêche pas la mise au sein, la mise en en place d’un allaitement si c’est votre projet. Ce ne doit pas être un frein. La montée laiteuse va peut-être un peu plus tardive parce que l’un des points qui la favorise c’est la mise au sein et que ce geste peut être moins facile si la cicatrice fait mal ou si lé première tété n'a pas eu lieu dans les eux premières heures. Faites à votre rythme, sans pression soyez à l’écoute de votre corps. Cela va se mettre en place, soyez confiantes.
C’est en s’adaptant au mieux au contexte personnel de chacune que l’accompagnement du personnel soignant sera le plus juste.
Il peut y avoir aussi, chez certaines femmes la volonté de retrouver rapidement leur image de femme, objet de désir et ainsi elles ne souhaitent pas allaiter .il faut parler de cela en ante natal afin de pouvoir y réfléchir et adopter ensuite une attitude cohérente avec votre projet de naissance.
Parfois, il y a une perte des sensations cutanées au niveau de la cicatrice, cela peut durer plusieurs mois, le temps que toutes les fibres se régénèrent, ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal.
Un autre point important à évoquer en cas de césarienne, est que le médecin, lors de l’intervention, vide l’utérus de toutes ses lochies, c’est-à-dire les secrétions accumulées pendant la grossesse. Donc les femmes césarisées (comme on peut se permettre de le dire !) n’auront presque rien dans l’utérus et il reprendra sa taille anatomique d’environ 5 cm assez rapidement.
Si le contexte personnel des femmes enceintes est difficile, les futures mamans doivent poser toutes les questions qui les angoissent au personnel lors des consultations. Il y a parfois beaucoup de solitude, de détresse. N’ayez pas de tabou…
Sortir de la maternité au bout de 2 à 3 jours est souvent source d’angoisse, d’inquiétude et les services de la P M I (protection maternelle et infantile) sont à disposition pour accompagner les familles.
En conclusion, retenons que la césarienne doit être démystifiée quant à ses effets négatifs sur la relation mère enfant. Tentez de créer un climat serein, rassurant votre bébé.
Vous avez bien perçu que chacune doit s’écouter, respecter son rythme, ses choix, alors votre petit grandira bien et sera épanoui. Soyez le plus possible en symbiose avec lui et dites-lui de maintes façons que vous l’Aimez. Il n’y a pas de modèles: la richesse est dans la diversité.
B. KAROUBI Sage femme , Puericultrice.
brigittekaroubi@orange.fr