Sujet d'actualité au vu de la saison: face aux affections bénignes dont peuvent souffrir les tout-petits, Virginie Loth, infimière-puéricultrice et naturopathe, nous transmets dans cet article, d'excellents conseils pour prendre soins de nos petits de façon naturelle et tout en douceur.
Elle nous rappelle au passage, l'utilité de ces "maux de l'hiver" ainsi que de celle que de nombreux parents redoutent: la fièvre, et porte à notre connaissance des méthodes non médicamenteuses de traitement de la fièvre et de consolidation de l’immunité.
Bonne lecture et merci à Virgine pour cet article si instructif et utile!
Mariama
« Puis un jour, le garçon tomba malade. Son visage était devenu tout rouge, il parlait dans son sommeil et son petit corps était si chaud que le lapin se sentait brûler quand il le serrait contre lui ». Le lapin de velours – Margery William Bianco
Lorsque l’automne et l’hiver s’installent, ils entrainent dans leurs sillons rhumes, rhinopharyngites, otites, bronchites et autres mots en « ite ». Ces maladies causées par différents germes, virus (bien souvent) ou des bactéries affectent les enfants et inquiètent les parents. Mais elles permettent également (cerise sur le gâteau) de se créer de jolis moments à la maison, bien au chaud blottis sur le canapé à raconter des histoires, dormir et se faire bichonner ! Mais ce n’est pas ça que l’on voit sur le moment, évidemment.
La rencontre avec les germes est cependant nécessaire pour grandir et développer une immunité digne d’un ours en bonne santé. Avez-vous déjà rencontré un ours aux yeux larmoyants de fièvre, qui tousse et se mouche ? C’est que son système immunitaire est costaud. Mais au-delà de l’immunité, la médecine anthroposophique et la naturopathie considèrent la maladie comme « une réponse de l’organisme à un évènement qui a submergé l’enfant qui se sert de la maladie pour retrouver son équilibre intérieur. C’est pourquoi les moyens thérapeutiques proposés vont favoriser le cours de la maladie en la rendant supportable tout en aidant l’enfant à harmoniser sa propre constitution d’Homme en devenir. » (cf: « L’enfant, son développement, ses maladies » Michaela GlÖCKNER, Wolfgang GOEBEL, Editions anthroposophiques romandes 1993).
Face à l’invasion de germes dans l’organisme de nos petits, on peut aborder la situation de différentes manières. Soit on laisse gentiment faire la nature, en l’accompagnant de remèdes à base de plantes, de massages, d’une alimentation adaptée, de repos, de présence bienveillante, d’amour, et d’histoires. Soit on sort la grosse artillerie, antibiothérapie, antipyrétiques, pour accélérer artificiellement l’évolution, soit on respecte le processus que l’on accompagne naturellement. Attention, je ne veux pas dire que les médicaments sont inutiles, mais sachez cependant que la plupart de ces affections respiratoires supérieures, ont une évolution spontanée favorable en quelques jours.
Un enfant en bonne santé triomphe spontanément de ces affections passagères qui lui permettent de développer une immunité solide et une plus grande résistance aux pathologies dans l’avenir. Certains médicaments, utilisés de manière systématique peuvent par contre être davantage une surcharge pour l’organisme du jeune enfant freinant parfois le processus de guérison. Tout est une question de mesure.
En réalité, le nœud du problème, que j’ai pu constater dans mon expérience, c’est la fièvre et l’angoisse de ses complications et des convulsions en particulier. Une température de 38°5 peut inquiéter fortement, or il y a des moyens naturels de l’accompagner, en respectant le processus immunitaire qui se développe.
En effet, la fièvre est une réaction saine de l’organisme face à l’invasion d’un agent infectieux. Elle permet d’accélérer la réponse des cellules face aux germes, de les détruire et ainsi de combattre l’infection puis d’évacuer les toxines. Elle permet à l’organisme de se fabriquer un système immunitaire solide. C’est toute une armée qui se lève pour permettre à l’enfant de se débarrasser de ses germes : les monocytes, les lymphocytes, les plasmocytes, les macrophages, les mastocytes, les fibroblastes .. Sous l’effet de la fièvre, l’augmentation de la chaleur du corps influence en l’augmentant le rythme cardiaque et la respiration. Tout le corps est au taquet ! Il s’agit d’une véritable usine au fonctionnement optimal qui permettra à l’enfant d’être à nouveau en pleine forme et plus résistant au fil des ans et des infections.
Par contre si vous êtes trop inquiets ou que la fièvre vous affole, prenez un avis médical car l’inquiétude parentale ne permet pas à l’enfant de se détendre. Néanmoins vous pouvez agir à votre niveau par des actions permettant de soulager votre enfant. Vous les découvrirez au fil de la lecture.
Commencez par découvrir un enfant fiévreux et hydratez le, c'est-à-dire donnez lui régulièrement des petites quantités d’eau.
Vous pouvez également réaliser des enveloppements frais à la lavande pour accompagner le mieux être de l’enfant et faire baisser la fièvre de manière naturelle.
Enveloppement frais à la lavande: face à un enfant fiévreux on peut faire des enveloppements frais qui vont permettre de faire baisser la fièvre de manière naturelle.
On choisira une étoffe en coton de type lange
Préparez dans une bassine avec de l’eau de 2° en dessous de la température corporelle de l’enfant
Mettez-y 2 gouttes d’huile essentielles de lavande pour 1 litre d’eau
Trempez les linges, essorez les et appliquez les sur les mollets et jusqu’au genou (pour les fixer enfiler des chaussettes de laine à l’enfant) et sur les poignets jusqu’aux coudes. Vous pouvez également en mettre aux plis de l’aine et sur le front.
Renouveler les enveloppements dès qu’ils se sont réchauffés
Après trois changements faites une pause d’une demi-heure puis recommencez.
De quoi a besoin un enfant malade ?
Un enfant fiévreux a besoin d’être rassuré, installé dans un environnement calme, aéré mais sans courants d’air.
Il faut lui donner à boire, le garder au chaud, éviter les stimulations excessives, favoriser une ambiance calme et apaisante.
Une prévention du quotidien
Les habitudes de vie, le sommeil, l’alimentation, l’habillement, les rythmes, la gestion des émotions et les activités en plein air sont autant de facteurs qui permettent à l’enfant de se développer de manière saine et harmonieuse. Ces principes de bases sont nécessaires pour maintenir la santé et prévenir les maladies. Ce sont les fondements de la santé.
Toutefois l’apparition de la maladie n’est pas forcément négative. Au contraire, elle peut être un temps de pause nécessaire, de rééquilibration intérieure (gestion des émotions envahissantes) et une manière de rassembler les forces autour de soi pour mieux repartir après.
L’ alimentation
Les agents pathogènes ont une grande attirance pour le sucre. Ils se développent à cœur joie dans un milieu où le sucre coule à flot ! Or les jeunes enfants ont souvent une appétence pour les produits sucrés. Il est donc important de limiter les apports de sucres raffinés et de préférer des fruits (à distance des repas) et des fruits secs. Les sucres raffinés sont acidifiants, déminéalisants et participent activement aux infections orl en provoquant de l’inflammation.
Une alimentation la moins transformée possible, basée sur les céréales et grains complets ainsi que des légumes et des fruits (riches notamment en vitamines C pour prévenir les infections), est bénéfique pour l’enfant et toute la famille.
En période d’infections, il est recommandé de supprimer les produits laitiers qui sont pro-inflammatoires et favorisent la production de mucus que l’on va retrouver dans le nez qui coule à l’extérieur, puis à l’intérieur dans l’arrière gorge provoquant alors des angines, des bronchites, et par une mauvaise aération de la caisse du tympan, des otites.
Boissons, eaux, tisanes ...
Un enfant fiévreux a besoin de boire. Proposez lui souvent de petites quantités afin qu’il ne se déshydrate pas. Proposez-lui de l’eau et des tisanes s’il les accepte.
On préfèrera des plantes calmantes surtout si il est agité.
Une infusion de camomille par exemple agrémentée d’une cuillère de miel lui permettra de se sentir apaisé.
Si l’enfant le tolère, un citron chaud sucré au miel ou une infusion de gingembre et citron stimuleront ses défenses immunitaires.
Sommeil un réparateur inégalé
Un enfant malade a besoin de repos et de sommeil pour permettre au corps et à son cerveau de se régénérer. Il est important de limiter les sources de stimulation et de lui permettre de se reposer dans une pièce calme et aérée.
Quelques gouttes de lavandes (de dosage dépend des diffuseurs vérifier la notice) dans un diffuseur brumisateur ou nébulisateur (fuir les diffuseurs qui chauffent les huiles essentielles et les dénaturent), diffusées 15 minutes, pas davantage pour ne pas dénaturer les huiles essentielles, avant le coucher de l’enfant favoriseront le sommeil.
Besoin d’air frais !
Pensez à aérer 15 minutes les pièces 2 fois par jour au minimum. Il est important de renouveler l’air d’autant plus en période d’infections infantiles et familiales.
En prévention on ne soulignera jamais assez l’importance pour les enfants de jouer dehors au grand air, plutôt que dans des intérieurs surchauffés.
D’ailleurs une température de 18° est idéale dans un logement.
Et le nez ?
Il est important de veiller à ce que l’enfant ait son nez bien dégagé. Chez le bébé qui ne respire que par le nez, le rhume n’est pas sans danger. Les lavages de nez sont doncimportants d’une manière générale et particulièrement dans la période hivernale afin d’éviter l'encombrement nasal.
En effet le rhume est souvent le premier signe d’une infection potentielle.
L’enfant plus grand peut apprendre à se laver le nez lui-même avec une eau salée (9g de sel pour 1 litre d’eau), au même titre qu’il apprendra à se brosser les dents. Ce geste qui peut être vécu comme intrusif peut être mieux toléré réalisé soi même.
Une plante qui stimule les défenses et soutient l’immunité
L’échinacée est une fleur spécifique de la sphère ORL (otorhinolaryngologique) et des voies aériennes supérieures. Très efficace à prendre dès les premiers symptômes elle va soutenir et stimuler le système immunitaire. Ses propriétés anti bactériennes et anti-fongiques en font un remède de choix. Chez les enfants on préfèrera le glycéré, et chez le bébé et le jeune enfant allaité, sachez que l’échinacée passe dans le lait maternel, il peut donc être pris par la maman.
Je peux vous recommander l’échinacée biologique de la Souris verte. Il s’agit d’un glycéré, sans alcool et sans rajout de goût ou d’arôme. C’est un produit 100% naturel à utiliser chez les bébés, les enfants, les femmes enceintes dès l‘apparition des premiers symptômes. Vérifiez la posologie sur le site du fabriquant. La seule précaution d’utilisation est de vérifier une éventuelle allergie aux astéracées.
Chez un enfant plus grand vous pouvez créer un rituel autour d’une infusion de thym au miel pour renforcer l’immunité. Partager un moment de détente et de complicité autour d’une tisane est une merveilleuse manière de se soigner. Toute la famille peut en boire pour faire fuir les miasmes indésirables ! Vous vous créerez ainsi de jolis moments partagés !
Prenez le temps de vous arrêter
Je sais que ce n’est pas toujours facile lorsque l’on est parents, que l’on travaille, de s’arrêter lorsque nos enfants tombent malades. Néanmoins, prenez le temps de faire des câlins, de raconter des histoires, de prendre un temps de qualité ensemble et de ralentir la cadence. C’est ainsi que se crées les beaux souvenirs, même lorsque l’on est malade. Ces temps là sont complémentaires à tout autre traitement, et favorisent la guérison et la joie, même dans les moments difficiles.
La convalescence
Ne négligez pas la période de convalescence. En effet souvent pris dans nos rythmes effrénés nous repartons comme avant et nos enfants sont vite remis dans le rythme également. La convalescence permet au corps de consolider sa fraîche immunité acquise, et de devenir plus résistant aux infections.
Il est fréquent de constater à l’issue d’un épisode de fièvre chez un enfant, qu’il fait un pas en avant sur son chemin de vie en développant de nouvelles compétences liées à son stade de développement. C’est quelque chose que j’ai pu observer de nombreuses fois chez mes enfants et ceux que j’ai accompagnés.
Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite de vous régaler des couleurs de l’automne et d’entrer dans l’hiver le cœur joyeux, prêt à affronter les frimas, les pieds et la tête au chaud, une bonne tisane pour réchauffer défenses immunitaires !
Virginie Loth
Puéricultrice - Naturopathe - Arthérapeute
Autrice, accompagnement des femmes et des bébés