L’asthme est la maladie chronique pédiatrique la plus fréquente. Elle survient souvent dans le cadre d’un terrain atopique (allergie) ou au décours d’infections virales.
Comme nous l'avons vu dans le 1er article "comprendre l'asthme", le traitement de fond vise à traiter l’inflammation chronique des bronches et s’accompagne de mesures environnementales, que nous allons voir dans cet article, pour réduire tous les irritants (tabac, acariens, moisissures, composés organiques volatiles, allergènes…). Il permet à l’enfant de continuer de développer correctement son appareil respiratoire et de mener une vie normale.
Lorsque, sous traitement de fond, l’enfant ne fait plus de crise d’asthme, on dit qu’il est stabilisé par le traitement. Néanmoins cet équilibre du bon médicament, à la bonne dose, demande parfois plusieurs mois voire années de tâtonnements pendant lesquels des exacerbations sont possibles.
Votre médecin a posé le diagnostic d’asthme du nourrisson. Cette annonce a pu être pour vous le point de départ de multiples questionnements. Nous allons en explorer quelques-uns puis nous aborderons des notions de santé environnementale en lien avec les acariens et le pollen, à l'origine de nombreuses crises d'asthmes.
- Mon enfant restera-t-il toujours asthmatique ?
La persistance de l’asthme est plus probable après 2 ans si votre enfant présente certains facteurs: la proportion est plus importante chez les garçons que chez les filles, chez les enfants nés avec un faible poids, s’il existe des antécédents familiaux d’asthme ou d’allergie respiratoire, si l'enfant souffre lui-même d’eczéma atopique ou d’allergies (respiratoires ou alimentaires), s’il est exposé à un tabagisme passif (y compris pendant la grossesse).
- Pourquoi mon enfant doit-il prendre un traitement tous les jours ?
Les bronches de votre enfant présentent une inflammation persistante, il est donc nécessaire de lui administrer par chambre d’inhalation un traitement de fond à visée anti inflammatoire au long cours:
- Comment donner efficacement le traitement à mon enfant?
Effectuez préalablement un nettoyage du nez afin de libérer les voies aériennes supérieures.
Favorisez en environnement calme, l'enfant ne doit pas pleurer afin d'optimiser l'inhalation du médicament.
Voici en illustration comment donner le traitement à l'aide d'une "chambre d'inhalation".
Après une inhalation de corticoïdes (flacon rouge, orange ou violet), il est important de bien rincer la bouche pour prévenir tout risque de mycoses buccales. Si le bronchodilatateur (flacon bleu) doit être donné en même temps que le corticoïde, donner en premier le bronchodilatateur.
Ce n'est qu'à partir de 3 ans que, si l'enfant arrive à fermer la bouche sur l'embout buccal, le masque peut être retiré.
Entretien de la chambre d'inhalation:
Vous trouverez toutes les informations sur la notice de la chambre d'inhalation. Voici les grands principes de son entretien.
Avant la première utilisation, puis une fois par semaine:
- démonter la chambre totalement
- immerger entièrement la chambre dans de l'eau avec 2 à 3 gouttes de produit vaisselle (sans frotter)
- ne pas rincer la chambre ( rincer juste l'embout buccal), sauf si la chambre est notée antistatique ou si elle est en métal
- laisser sécher à l'air libre, ne pas essuyer
- ne pas laver la chambre d'inhalation au lave-vaisselle.
Voici un exemple de protocole que le médecin adapte à chaque enfant. Il est donc impératif de bien suivre le protocole établi par votre médecin pour votre enfant, et de suivre les recommandations de la puéricultrice d'éducation thérapeutique pour son application. Ce qui suit est donc donné à titre d'exemple:
- Quels sont les facteurs déclenchant d’asthme ?
Santé environnementale et asthme: les acariens
Les acariens sont de microscopiques araignées, invisibles à l’œil nu, qui apprécient la chaleur et l’humidité et se nourrissent de squames de la peau et de petits débris alimentaires. De fait, on les retrouve surtout dans les oreillers, les vieilles couvertures de laine, les jouets en peluche, le lit (l’humidité est idéale grâce à la transpiration et les acariens trouvent de quoi se nourrir), le canapé.
A la maison, les acariens jouent un rôle majeur dans l’apparition et/ou la sévérité de l’asthme. Lorsqu’il y a allergie aux acariens, il est donc nécessaire de limiter leur prolifération:
-en agissant directement sur les facteurs humidité –chaleur –squames –débris alimentaires.
-en considérant que l’acarien meure à -20°C,+ 55°C, et à l’exposition au soleil
-en prenant en compte que même mort, l’acarien cause du tort (ses déjections et son cadavre restent allergisants).
Conseils pour mieux lutter contre les acariens :
1/ vivre dans une maison sèche, aérée, ensoleillée :
-aérer 15minutes deux fois par jour, tous les jours, surtout par temps sec et froid, ouvrir le lit en grand, déposer draps et couettes sur le rebord de la fenêtre
-aérer longuement après avoir passé l’aspirateur.
-viser une température de chauffage à 18-19°C, surtout dans les chambres.
-lutter contre l’humidité (taux d’hygrométrie idéalement inférieur à 50%) et les moisissures qui favorisent la croissance des acariens : nettoyer les gaines et grilles de ventilation, les bouches d’aération ; bannir humidificateur, saturateur sur les radiateurs, bocal à poisson, plantes vertes; vérifier l’état des contours de fenêtres (éliminer les traces noires à l’eau légèrement javellisée), préférer la peinture à l’eau sur les murs (sans odeur et lessivable).
-veiller donc à ne pas confondre aération et rafraichissement de la maison : aérer longuement une pièce de la maison jugée trop humide l’amènera à se refroidir, or pour s’assécher, elle a besoin d’une température suffisante.
2/ choisir et entretenir sa literie :
-utiliser un sommier métallique ou à latte de bois (pas de sommier capitonné, tapissier),
-choisir des matelas et oreillers synthétiques
-utiliser des housses intégrales imperméables aux acariens pour le matelas, l’oreiller, et la couette.
-à défaut de housse, laver chaque mois l’oreiller et la couette, à 60°C si possible, et bien laisser sécher
-Laver chaque semaine les draps et pyjamas à 60°C.
3/ Réduire les « nids à acariens » :
-éviter les surfaces rembourrées en matières naturelles (laine, plumes, kapok, noyaux et graines) tels que poufs, fauteuils, canapés, coussins...,
-limiter la présence d’objets exposés à la poussière (livres et bibelots placés sur les meubles, étagères et bibliothèques):préférer des armoires fermées, vitrines, boîtes avec couvercles
-tapis, moquettes sont à éviter ou à aspirer 2x par semaine. Secouer et brosser régulièrement les tapis à l’extérieur de la maison (jamais à l’intérieur)
-rideaux et voilages sont à éviter ou à choisir faciles à décrocher et à laver à 60°C.
-sur lit superposé, l’individu sensible aux acariens choisira le lit du haut (couché en bas, il reçoit les acariens libérés par le couchage du haut)
-éviter, ou au moins limiter les peluches dans la maison, et à fortiori dans la chambre et dans le lit. Les laver au moins tous les 3 mois, au mieux tous les mois, à 60°C (si elles ne supportent pas de telles températures, les placer une nuit au congélateur pour tuer les acariens, puis les laver en machine pour les éliminer)
4/Adopter de bonnes habitudes de ménage:
-nettoyer la maison «de haut en bas»: dépoussiérer les meubles 1x par semaine avec un chiffon microfibre voire un chiffon humide puis lessiver les sols avec une serpillère ou microfibre. Éviter les plumeaux et balais qui remettent la poussière en suspension dans l’air.
-plusieurs fois dans la semaine, déposer un chiffon microfibre sec sous le balai trapèze (le balai ou s’accroche votre serpillère) ou une serpillère humide et ramasser ainsi les poussières.
-passer l’aspirateur (équipé d’un filtre de sortie HEPA) 1 à 2x par semaine sur les tapis, moquettes, en particulier sous le lit. Tous les 3 mois, pensez à aspirer aussi matelas, canapé, fauteuils (pense-bête:à chaque nouvelle saison). Aérer longuement la pièce après avoir passé l’aspirateur
Autant le savoir ...
Ne pas se fier au label « anti-acarien » qui n’offre pas une garantie prouvée et qui peut contenir des produits acaricides irritants. Les produits acaricides ne suffisent pas: ils tuent l’acarien, mais son cadavre reste allergisant: ventiler, aspirer, nettoyer !
Santé environnementale et asthme: les pollinoses
- Quels sont les symptômes de la pollinose ?
•La rhinite (le rhume)
Elle est due à une inflammation allergique de la muqueuse nasale, provoquée par l’inhalation de pollens. Elle est reconnaissable par le nez qui coule (rhinorrhée) et qui gratte (prurit), des éternuements (souvent en salves), le nez bouché (obstruction). Plus rarement (en tout cas chez l’enfant), une perte de l’odorat (anosmie).
•La conjonctivite (l’œil rouge)
Elle accompagne la rhinite (rhino-conjonctivite allergique). L’enfant dit « ça gratte, ça pique, ça gêne ça pleure» (impression de grains de sable sous ses paupières).
•La toux (le piège)
La vigilance s’impose si les quintes sont nocturnes, à l’effort ou immédiatement après, en traversant une prairie.
•L’asthme (le rhume est-il descendu sur les bronches ? )
Le nez est aux avant-postes de l’agression allergique, il se défend, il se bouche et coule comme s’il voulait faire obstacle aux pollens. Il est parfois débordé. Le rhume initial se complique d’une inflammation de la muqueuse de tout l’arbre respiratoire, déclenchant alors une crise d’asthme.
Les symptômes liés à l’allergie à un pollen sont directement liés à la météo : Le froid et le gel retardent la saison de pollinisation. Le soleil, des températures douces, du vent, favorise l’émission et la dispersion des pollens dans l’air. Tandis que la pluie et l’orage emprisonnent les pollens dans les gouttelettes d’eau et les plaquent au sol.
La variété des pollens présents et leur saisonnalité dépendent de la région (climat, altitude, exposition aux vents, types de plantations, etc).
10 Conseils pour lutter
1/ En journée, les fenêtres sont fermées (à la maison, en voiture, au travail).
2/ Aérer tôt le matin, tard le soir, après la pluie. En effet, aux heures les plus chaudes, l’air contient davantage de pollen en suspension.
3/ Changer de vêtement et se rincer les cheveux le soir afin d’éliminer les pollens qui s’y sont déposés.
4/ Préférer le séchage du linge à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur, les pollens s’y déposeraient.
5/ Éviter les promenades en plein air dans les zones repérées comme «à risque», surtout par grand vent et/ou aux heures les plus chaudes. Sinon, porter lunettes de soleil et chapeau. Éviter également de marcher le long de grands axes routiers (pollution + pollen = mauvais cocktail). Si l’un ou l’autre est inévitable, il est possible de se munir d’un masque FFP2, qui apportera une protection de courte durée.
6/ Éviter les efforts intenses.
7/ En voiture : faire vérifier annuellement le filtre à pollen, rouler vitres fermées(oubliez la décapotable...), et si possible utiliser l’air recyclé.
8/ A la maison : nettoyer les gaines (aspiration) et grilles (nettoyage, puis séchage avant refixation) de ventilation tous les 2-3 mois; penser également à laver rideaux, tentures et autres voilages tous les 2-3 mois
9/Ne pas faire de travaux de jardinage (tondeuse à gazon notamment) fenêtres ouvertes
10/ Se tenir informé de la pollinisation près de chez soi: en France, adhérez gratuitement aux bulletins hebdomadaires du RNSA http://www.pollens.fr/les-bulletins/bulletin-allergo-pollinique.php
Sources: www.asthme-allergies.org;www.allergienet.com; brochure «Asthme et rhinite allergique» éditée par MSD France
Article de:
Emma Coadou, infirmière puéricultrice d'éducation thérapeutique à l'"Ecole du Souffle" à Bordeaux, et
Michèle Prados infirmière puéricultrice, directrice de crèche, co-administratrice du groupe Facebook " asthme du nourrisson et de l'enfant, conseils et soutien entre parents"