A la 3eme bronchiolite de votre enfant le diagnostic d’asthme du nourrisson a été posé. Cette annonce a pu être pour vous le point de départ de multiples questionnements. Nous vous proposons un dossier complet sur l'asthme du nourrisson à travers 3 articles.
Ces articles ont été co-écrits par Emma Coadou, infirmière-puéricultrice d'éducation thérapeutique sur l'asthme à "l'Ecole du souffle" de l'hôpital des enfants de Bordeaux et Michèle Prados, infirmière-puéricultrice, directrice de crèche accueillant régulièrement des enfants présentant un asthme du nourrisson. Michèle est aussi co-administratrice du groupe Facebook "asthme du nourrisson et de l'enfant, conseil et soutien entre parents"
Ce premier article vous présente des éléments pour:
- comprendre ce qui se passe dans le corps de votre tout petit,
- vous permettre de reconnaître l'apparition d'une crise d'asthme
- vous transmettre les signes de lutte respiratoire que vous pourriez observer
- vous expliquer la prise en soin d'un enfant asthmatique
Dans le second article, Michèle et Emma vous parlerons de la place des parents dans la gestion de l'asthme de leur enfant et aborderons ainsi avec vous la place de la puéricultrice dans l'éducation thérapeutique. Elles vous communiqueront aussi les mesures à prendre à domicile et vous transmettrons des éléments indispensables à savoir autour de la santé environnementale, en particulier en lien avec les acariens et les pollinoses.
Enfin, le 3eme article abordera comment la prise en soin est coordonnée autour de l'enfant, dans ses différents lieux de vie (ex: à la crèche)
Je vous souhaite une bonne lecture et je remercie Emma et Michèle pour leurs travaux détaillés sur la question de l'asthme du nourrisson et pour leur implication à vous transmettre tout cela sur ce blog "Paroles de puéricultrices, un regard d'experts au bénéfice de l'enfant et de sa famille".
Mariama
COMPRENDRE L’ASTHME
L’asthme du nourrisson est la maladie chronique infantile la plus fréquente.
Elle se caractérise par une inflammation permanente des bronches. Cette inflammation épaissit la muqueuse des bronches et la rend grandement sensibles à divers facteurs, qui peuvent être :
- Un climat (chaud, froid, « lourd », humide, brouillard)
- des irritants : pollution intérieure ou extérieure, tabagisme passif, fumées de cheminées, de barbecue
- une allergie alimentaire (souvent le lait de vache)
- une allergie respiratoire (pollens, acariens, moisissures, animaux…)
- un rhume, une infection respiratoire
- un effort, le sport
- l’excitation, le rire, le stress, la colère.
En présence d’un de ces facteurs, le muscle bronchique se contracte, la muqueuse s’inflamme et sécrète du mucus, ces phénomènes obstruant totalement ou partiellement la bronche. Il en résulte une gêne respiratoire plus ou moins sévère et de survenue parfois extrêmement brutale, c’est la crise d’asthme. Un bronchodilatateur est alors nécessaire en urgence pour permettre à nouveau le passage de l’air.
Le traitement de fond vise à réduire l’hyper-réactivité bronchique, alors que l’exposition aux allergènes et aux irritants provoque ou aggrave l’inflammation. Il est donc nécessaire, pour limiter la survenue de crises, de donner correctement au nourrisson et à l’enfant son traitement de fond, et d’entretenir son environnement de manière à limiter les sources d’irritation. Une bonne hygiène du nez au sérum physiologique ou, chez l’enfant plus grand, à l’eau salée (avec un dispositif de type RhinoHorn ou Respimer) permet par ailleurs d’en évacuer le mucus chargé des particules irritantes qu’il a emprisonnées.
RECONNAÎTRE LA CRISE D’ASTHME
On distingue généralement deux évolutions de la crise d’asthme :
Crise de progression lente : habituellement sur plusieurs jours (et en tous cas sur plus de 6 heures). L’origine est souvent une infection des voies aériennes supérieures, le mécanisme dominant est donc l’inflammation. En conséquence, la réponse au traitement est progressive, il doit donc impérativement être poursuivi sur plusieurs jours, avec un schéma de décroissance. Les crises à progression lente représentent 80 à 90% des crises d’asthme.
Crise de progression rapide : elle s’installe en moins de 6 heures et est souvent d’origine allergique. Souvent sévère, l’issue peut être dramatique. Heureusement, la réponse au traitement est rapide car le mécanisme dominant est le bronchospasme.
Les symptômes de la crise d’asthme sont variés, ils peuvent être :
- une toux fréquente et/ou nocturne
- une toux à l’effort (au moment du jeu, du rire, du sport…)
- une gêne (à l’expiration) obligeant à s’assoir
- un essoufflement (augmentation du rythme respiratoire et du rythme cardiaque pour maintenir les échanges gazeux), qui peut se manifester par une fatigabilité, parler ou marcher devient de plus en plus difficile voire impossible dans la crise grave
- une sensation d’oppression thoracique
- une fatigue pouvant aller jusqu’à la somnolence dans la crise grave
- teint pâle, cerné pouvant devenir gris voire bleuté, essentiellement au niveau des lèvres et des ongles dans la crise grave
- une respiration sifflante (sibilants) ou crépitante
- chez le petit enfant, une respiration exagérément abdominale
- un tirage.
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Chez le petit enfant, qui ne pourra pas exprimer sa gêne respiratoire, vous pouvez observer :
- une difficulté à s’alimenter (commence normalement son repas avec envie et appétit, mais ne le termine pas, fait des pauses fréquentes au biberon pour reprendre son souffle -> essoufflement)
- un sommeil perturbé dans son lit mais s’endort volontiers aux bras (toux, gêne qu’il ne sait exprimer en position allongée)
- un ou des signes « de lutte » (démontrant que le corps compense des difficultés respiratoires, et pouvant conduire à l’épuisement de l’enfant), comme le tirage.
RECONNAÎTRE LES SIGNES DE LUTTE
Physiologie de la respiration
La respiration implique normalement le thorax et l’abdomen. Le diaphragme, en se contractant :
- induit une dépression dans la cage thoracique, ce qui induit l’inspiration
- appuie sur les viscères, l’abdomen fait donc saillie vers l’avant en même temps que le thorax se soulève.
En cas de détresse respiratoire, le diaphragme arrivant à bout de force, l’enfant mobilise alors ce que l’on appelle ses muscles respiratoires accessoires : muscles intercostaux, muscles du nez, muscles de l'abdomen, etc. Ces muscles vont tout faire pour contribuer à créer une pression négative dans le thorax, comme le faisait le diaphragme.
Le tirage
On appelle tirage le phénomène au cours duquel les tissus mous de la cage thoracique sont « aspirés » vers l'intérieur de celle-ci lors de l’inspiration.
On peut l'observer
∙ dans les espaces intercostaux -> tirage intercostal
∙ au-dessus des clavicules -> tirage sus-claviculaire
∙ sous les côtes -> tirage sous costal
∙ sous l'os xiphoïde -> entonnoir xiphoïdien
∙ dans la fourchette sternale. ->tirage sus sternal (en haut du sternum) et sous sternal (en bas du sternum)
Tirage intercostal T.:
Sus claviculaire + Sus sternal:
Attention : la respiration de l’enfant couché laisse souvent apparaître une petite dépression entre la cage thoracique et l’abdomen à l’expiration. Tandis que lorsqu’il y a tirage, l’impression est réellement que la zone de jonction abdomen/thorax est aspirée vers l’intérieur du thorax, et ce à l’inspiration.
Le balancement thoraco-abdominale, ou respiration paradoxale
La respiration paradoxale est un état pathologique se traduisant par un ventre qui dégonfle à l'inspiration et qui gonfle à l'expiration (à l'opposé de son mouvement en temps normal, alors entraîné indirectement par le diaphragme). Il traduit un épuisement du diaphragme.
LA CONDUITE A TENIR