Après avoir été initiés à ce que représente la promotion de l'allaitement, et avant de parler de façon concrète de sa mise en œuvre et de ce qu'il apporte comme bienfaits, voici un article de Sylvie Cacciatore, infirmière-puéricultrice et consultante en lactation IBCLC, qui met en relief des questions que se posent de nombreuses femmes enceintes au sujet de l'allaitement: comment s'y préparer ou se préparer?
Bonne lecture!
Mariama.
Préparer l’allaitement
J’ai souvent rencontré des femmes enceintes qui se rendaient à ma consultation pour se préparer à l’allaitement. J’ai également animé des réunions collectives durant lesquelles des questions concernant cette préparation étaient posées.
Cette démarche est légitime, préventive et permet surtout de ne pas donner de l’importance à tout ce qui peut être lu sur internet ou entendu.
Si autour de soi ce modèle était fréquent, à l’image des Pays Nordiques ou d’Afrique, aurait-on besoin de se préparer à l’allaitement ? N’y-a-t-il pas certaines interrogations qui se voient solutionnées par l’observation et l’échange avec ses pairs?
Il arrive fréquemment qu’en cours de grossesse, des mères n’aient jamais vu d’enfant au sein et que leur entourage soit peu soutenant pour une démarche qui leur paraît complexe. Loin de moi l’idée de penser qu’il ait fallu allaiter pour préparer une femme à allaiter mais c’est un « allant de soi » d’en connaître tous les rouages anatomiques, physiologiques et pathologiques.
L’allaitement est une fonction biologique et physiologique, ce qui par définition lui octroie un statut de fonction naturelle. A titre d’exemple manger, dormir sont des besoins naturels et essentiels mais l’alimentation, le sommeil peuvent en fonction du contexte engendrer des difficultés chez certains individus.
Allaiter est une démarche rendue complexe par la société, le mode de vie, l’éducation et les contraintes quotidiennes. Allaiter est une démarche personnelle qui a besoin d’être soutenue et accompagnée. Cet accompagnement est à différencier d’une incitation et à ne pas confondre avec une injonction. La communication fait pleinement partie de cette démarche au même titre que les connaissances scientifiques. Elle permet aux parents de faire un choix de manière éclairée.
Je fais un distingo entre se préparer à l’allaitement et se préparer à allaiter ! La première démarche est à visée informative, explicative et la deuxième nécessite un accompagnement de proximité, plus soutenant, qui s’adapte au temps T et à chacun des acteurs en présence (la mère, l’enfant et le père).
Préparer à l’allaitement durant la période prénatale n’est pas toujours chose facile. Que ce soit en consultation ou lors de séance collective, il est important en qualité de professionnel, de rester généraliste mais assez précise, de mettre en garde sans inquiéter, d’informer sans complexifier. Cette démarche est rendue plus périlleuse quand plusieurs mères assistent à une réunion prénatale et que pour certaines cette intention d’être informée et rassurée devient contre-productive. Parmi toutes ces gestantes, il en est qui ne sont pas prêtes à entendre tout ce qui s’échange et peuvent ne pas réussir à prendre du recul face à l’exposé
de situations complexes voire douloureuses.
Il est donc là aussi nécessaire de posséder des qualités communicationnelles : reformulation, valorisation, métaphores, propositions...
Préparer son corps
Il est une préparation qui s’établit sans que la future mère n’ait à s’en préoccuper. Les seins, organes nourriciers caractéristiques de tous les mammifères n’attendent pas la décision parfois tardive du couple pour commencer à se projeter dans l’alimentation du plus immature des mammifères. Les seins se préparent même si la mère a décidé un autre moyen pour nourrir son enfant.
Dans certaines cultures et à certaines époques, les mamelons subissaient un traitement (succion, étirement) pour les préparer à l’allaitement. Aucun autre mammifère ne semble s’en soucier... Les mamelons se devaient d’être allongés et tannés par faciliter la mise au sein.
Rien de tout cela ne s’avère utile. J’ai coutume de dire aux mères, que leur mamelon est une pièce de puzzle qui attend la bouche de l’enfant (une autre pièce de puzzle) et il sera nécessaire de s’assurer lors de la mise au sein de leur correcte adaptation.
Dès les premiers jours de la grossesse, les seins augmentent de volume, signe qu’ils sont réceptifs à ce nouveau climat hormonal. Il s’agit là d’un signe sympathique, bien plus sympathique que les nausées également appelées ainsi ! L’aréole aussi se prépare, elle fonce et répondra aux compétences du nouveau-né particulièrement attiré par les formes rondes et contrastées. Il se dirigera ainsi au sein grâce à sa vue et ces mêmes aréoles présenteront des tubercules (discrets promontoires) riches en odeur maternelle mettant là en émoi l’odorat
du tout petit. Voilà les seins seront prêts à la 16ème semaine de grossesse et attendront l’accouchement pour mener à bien ce pour quoi ils sont programmés, laissant au placenta l’opportunité de s’y consacrer. Il arrivera même que du colostrum perle au niveau des mamelons pendant la grossesse, preuve supplémentaire, qu’ils répondront présents pour assumer leur fonction.
Préparer son entourage
Il est une préparation qu’il ne faut pas négliger dès la grossesse qui consiste à repérer dans son entourage les personnes qui pourront soutenir la mère.
Soutenir revient à permettre à la mère d’allaiter le plus sereinement possible. Il peut s’agir de personnes relevant du cercle familial, amical qui auront une expérience ou une approche positive de l’allaitement et qui prodigueront un accompagnement bienveillant. Il peut s’agir également de professionnels de santé qui auront reçu une formation et pour qui la communication positive est un atout majeur.
Se préparer à allaiter
L’accordage mère/nouveau-né se verra facilité par la confiance de la mère en ses capacités envers sa fonction nourricière mais elle aura besoin de se sentir soutenue et accompagnée.
Tout ce qu’elle découvrira sera nouveau.
Il est donc primordial que la mère ait en quantité raisonnable des données sur les compétences et réflexes de l’enfant, ses rythmes et ses besoins. Comprendre également comment la glande nourricière fonctionne facilitera cet accordage physiologique.
Je dirai donc que la préparation à allaiter se fait avec un des acteurs principaux, qui est le nouveau-né. La mère a besoin d’être valorisée, soutenue et cette mission peut être en faveur du père.
Sylvie CACCIATORE
Infirmière puéricultrice
Consultante en lactation IBCLC